Le ticket - 2 suite
La faim, rien de tel pour commencer une pause. Nous nous dirigeons d’un pas ferme vers la salle de restaurant.
Enroulée dans le drap, quelque peu humide quand même et revêtue de mon peignoir XXL à la ceinture fermement nouée, je m’installe dans un cabriolet matelassé, style anglais qui me fait penser au corps d’un bodybuilder avec ses tablettes de chocolat, deux accoudoirs juste bien inclinés pour un laisser-aller de nonchalance. Pas dans mes goûts mais confortable.
- Un apéritif, mesdames ?
Un bref coup d’œil au serveur, choisi très certainement pour plaire et inciter à la consommation nous provoque un large sourire.
- Deux Xérès medium s’il vous plaît, pouvons-nous passer commande du repas en même temps ?
- Rein problem [chacun remarquera l’absence d’accentuation]
Après les politesses d’usage et même quelques exagérations verbales, les verres sont devant nous.
Santé. Heurt du cristal au tintement joyeux, je porte un toast muet à la santé de mes amis virtuels, s’ils me voyaient à ce moment ….
Subitement je réalise que nous sommes dans un restaurant chic, ambiance feutrée, lumière douce, serveurs (pas de serveuses) tirés à quatre épingles alors que nous sommes reçues dans des tenues qui sont plus que négligées, ébouriffées – comme les chiennes sorties de l’eau avant qu’elles ne s’ébrouent – en savates, sans maquillage ni signe extérieur de richesse ; que l’on soit propriétaire ou locataire de l’éponge.
Oserions-nous nous conduire ainsi en d’autres circonstances ?
Je pense que nous avons atteint à ce moment le point culminant de la sublime volupté – pour les plus de quarante, cela va sans dire ….
Nous sommes des reines en guenilles et le temps n’a plus cours. Je savoure. Je me sens BIEN.