Amnésique
A la faveur de [nombreux] rangements, j’ai trouvé cette feuille de papier pour imprimante, assez froissée, datant d’au moins vingt ans …
« Monsieur le Président du Jury,
Votre missive me convoquant obligeamment pour la finale m’est parvenue avant-hier ; je ne vous cèlerai pas que je l’ai décachetée diligemment.
C’est à la mi-mars que, par ouï-dire, je me suis laissé subjuguer par votre concours et que je m’y suis fait inscrire. Au diable les pique-nique bucoliques et les après-midi de lèche-vitrine ! Enfermée à double tour dans ma thébaïde, combien d’heures ai-je travaillé, cloîtrée, disséquant assidûment les dictionnaires ! Combien de porte-plume se sont relayés sur mon pupitre, combien de bloc-notes, de pense-bête ai-je remplis, pis : le virus de l’orthographe m’a rendue tout à la fois irascible, quasi insomniaque et tremblotante. J’ai même frôlé le psittacisme ! Mais brisons-là, car me voici aujourd’hui intra-muros …
Qu’on me croie ou non, débarquant à Paris ce matin même, je me suis trouvé désorientée. Quelques labyrinthes que m’aient paru les couloirs du métro, je suis parvenue à grand-peine au lieu-dit. Là, je dus chapitrer deux concurrents qui, s’étant voulus fort élégants dans des complets gorge-de-pigeon, rehaussés de cravate bleu barbeau, se seraient entre-déchirés, voire entre-tués pour des graphies ambigües. Je vis même un timonier atrabilaire risquer une échauffourée avec des mariniers tatillons pour un plus-que-parfait obsolète.
Ah, le subtil roulis des bateaux ! Y avait-il un pied-à-terre plus extravagant si ce n’est un bathyscaphe ?
Quoi qu’il en soit, j’espère que vous ferez mouche ; sinon, bonjour les ex aequo.
Une épistolière finaliste. »
J’ai donc recopié le texte complet de ce que j’appellerais mon brouillon, dans l’attente de survenue d’un semblant de souvenir quant à l’origine de cet exercice et je dois avouer que ça ne me rappelle RIEN. Misère !