Noir et Blanc

Publié le par Marie

Crayon entre les doigts, bloqué par l'index, mine pointée à l'ouest, la gomme vers le poitrail comme flèche de Parthe, je caresse de l'arête extérieure du pouce la tasse de porcelaine à l'anse cassée – maladresse au lavage, je n'aime pas les vases culottés – quarante centilitres de thé blanc refroidissent …

 

Des pétales de gerbera font leur tâche de sang, une ombre suspendue s'affale sur le plateau de verre gris fumé du bureau. Environnement noir, perle, blanc. Le store vénitien à lamelles micro-perforées tamise la lumière, l'ombre de la basilique s'étire sur les toits de la Banque de France. Des cris de plage entrent par la porte-fenêtre, les pompiers circulent toutes sirènes hurlantes avec en écharpe le grondement incessant de la circulation des boulevards.

 

Le sablier des heures laisse écouler la blonde poussière de quartz, imperturbable. Le vieux ventilateur rend l'air chaud en grinçant. Le temps est au beau sec, pas un souffle d'air ne brise la pesanteur qui s'abat sur ma tête. Il faut dire qu'au-dessus c'est terrasse et cailloux sur tôle sans isolation, juste un vide de quelques centimères entre dalle et faux plafond.

 

D'un geste rageur j'écrase la bouteille d'eau minérale, je voudrais la pulvériser, je voudrais, je voudrais, je voudrais …

 

Et puis demain il faudra attendre bien sagement assis. Etre à l'heure, en avance si possible, une défection peut faire gagner un tour. Un tour gagné, pour quel diagnostic ? on est toujours pressé de savoir le pire, comme si c'était urgent !

 

Publié dans Aïe

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article